Les derniers mois ont été prometteurs pour une relance du transport aérien. En effet, la distribution des premiers vaccins autour du monde et en région éloignée a non seulement amorcé une nouvelle phase de la lutte contre la COVID-19, elle a aussi démontré le rôle logistique essentiel de l’aviation.
Cependant, l’annonce improvisée du 31 décembre quant à la mise en place de tests de dépistage avant un retour au Canada a eu l’effet d’une douche froide. J’avais précédemment indiqué que se faire tester deviendrait nécessaire dans le cadre d’une reprise progressive des vols internationaux. Malheureusement pour les Canadiens, l’introduction de cette mesure s’est effectuée sans coordination avec les transporteurs aériens. Ce fut suivi de l’ajout, tout aussi improvisé, d’un séjour à l’hôtel en attendant le résultat d’un autre test à l’arrivée au Canada, et ce, sans pour le moins réduire la durée de quarantaine. Ces règles nous ramènent essentiellement au point de départ de plusieurs pays lors du début des restrictions sur les voyages.
Le gouvernement fédéral semble donc parier sur la vaccination de ses citoyens pour permettre un redémarrage des vols au pays et à l’étranger.
La vaccination : la clé d’un retour à la normale?
L’obligation de se faire vacciner pour voyager a été proposée par Alan Joyce, PDG de la compagnie aérienne australienne QANTAS. Bien que minoritaire, cette opinion soulève des questions quant à la relance des vols internationaux tant que l’immunité collective n’aura pas été atteinte à l’échelle de la planète. Ainsi, les passagers devront continuer de porter le masque et de se faire tester avant, pendant et après un vol, particulièrement en provenance d’un pays où le niveau de contagion est élevé. D’autres pays opteront également pour le maintien de périodes de quarantaine.
En l’absence d’un standard pour identifier les passagers vaccinés ou testés, il faut s’attendre à une multitude de vérifications au cours d’un voyage international. Or, un système inégal entre les points de vérification sera propice à la confusion et à la fraude. Cette situation n’est pas viable dans un contexte de reprise généralisée des vols internationaux.
Vers un passeport-santé?
L’idée n’est pas nouvelle. Il est déjà nécessaire de se faire vacciner contre la fièvre jaune pour voyager vers certains pays d’Afrique et d’Amérique du Sud. En effet, un simple certificat de vaccination (petit livret jaune) suffit à démontrer que l’on est vacciné. Cependant, avec une vaccination progressive au cours des trois prochaines années, il sera important de compter sur un outil fiable pour démontrer qu’un passager est vacciné ou qu’il a obtenu un test négatif dans les délais requis.
Un standard digital simple et à l’abri de la fraude est essentiel pour assurer sa reconnaissance à travers le monde. Au-delà d’une application mobile, cette solution peut être une copie papier d’un code QR. D’ailleurs, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a évoqué une telle solution au Québec.
Plusieurs applications de passeport-santé digital sont en développement. Parmi les plus populaires, notons TravelPass de l’IATA et CommonPass du World Economic Forum. Celles-ci font actuellement l’objet de projets-pilotes auprès de lignes aériennes.
CommonPass permet aux passagers de présenter la preuve digitale d’un résultat négatif de test ou d’une preuve de vaccination avec leur billet d’avion. Cette preuve peut être transmise directement d’une agence de santé à l’application du passager.
Voyager dans un monde partiellement vacciné
Ces initiatives font craindre pour plusieurs une intrusion de la vie privée. Pour d’autres, on y voit plutôt une responsabilité de protéger les citoyens de pays qui n’ont pas eu la même opportunité d’un accès accéléré aux vaccins.
Vous ferez-vous vacciner si cela vous permet de voyager à l’étranger ? Serez-vous prêt à présenter une application digitale pour démontrer que vous avez été vacciné ou testé ?