Tester pour voyager

En mai dernier, je souhaitais qu’une réouverture progressive des frontières soit mieux coordonnée qu’à la fermeture. Loin d’être le cas, chaque pays a adopté une approche unilatérale et sans concertation. Ceci inclut le Canada qui demeure fermé à tout voyage non-essentiel. En Europe, les règles sont étourdissantes et généralement basées sur du cas par cas. Les voyageurs qui s’aventurent sont en constante appréhension d’une fermeture des frontières sans préavis. Pour beaucoup de pays, une isolation obligatoire de 14 jours demeure la norme. Une telle situation n’est pas viable pour une relance du tourisme et du transport aérien.

Cependant, plusieurs destinations offrent maintenant d’éviter la quarantaine si un test de dépistage moléculaire (PCR) ou antigène est effectué avant le départ ou après l’arrivée. L’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) recommande d’ailleurs le dépistage comme moyen pour relancer le transport aérien. Seriez-vous prêt à vous faire tester pour recommencer à voyager?

Des exemples déjà en place

Au début de la pandémie, plusieurs pays ont introduit des tests obligatoires lors du retour de leurs ressortissants. Depuis, certains pays ont introduit un test volontaire comme alternative à un isolement obligatoire de 14 jours. Selon la destination, ce test peut avoir lieu avant le départ, à l’arrivée et possiblement à nouveau quelques jours après l’arrivée pour tenir compte de la période d’incubation du virus.

L’un des premiers pays à avoir introduit le dépistage pour les visiteurs et touristes est l’Islande. Initialement, le dépistage fut introduit à l’arrivée pour éviter une mise en quarantaine de 14 jours. Cependant, une augmentation soudaine de cas provenant des voyageurs étrangers a amené à l’introduction d’un second test, après l’arrivée. Bien qu’une mise en quarantaine soit à nouveau requise, celle-ci n’est maintenant plus que de 5 ou 6 jours.

Plusieurs pays requièrent un certificat présentant un test négatif effectué dans une période allant de 3 à 7 jours avant l’arrivée à destination. Cette procédure demeure inconsistante tant au niveau du type de test que de la reconnaissance de la validité du certificat. De plus, cela implique que les autorités sanitaires acceptent de tester des patients dans le seul but de permettre un voyage à l’étranger ou que des cliniques soient accessibles au privé. Ainsi, certains aéroports ont pris à leur charge de développer des cliniques de dépistage.

En Allemagne, les aéroports de Francfort et Hambourg ont introduit un centre de dépistage pour les voyageurs au départ, à l’arrivée ou en transit. Les résultats sont disponibles en moins de 12 heures avec une option plus coûteuse pour accélérer l’analyse.

Source : Centogene

Aux États-Unis, les boutiques dans les aéroports ont subi une réduction significative de leurs activités ou une fermeture complète. Dans le cas de la boutique de massages XpresSpa, ce fut une opportunité de diversifier leurs activités. En effet, ils ont converti certaines de leurs boutiques en centre de dépistage de COVID19. Présentement en place aux aéroports de JFK, Newark et Boston, le service devrait être déployé à 23 aéroports.

Source : The Points Guy

Au Canada

Malgré des critiques sur le délai à fermer les frontières, le Canada a initialement fait preuve de rigueur en imposant le port du masque aux endroits où une distanciation de 2 mètres ne peut être maintenue que ce soit en file d’attente à l’aéroport ou à bord de l’avion. Les lignes aériennes ont également mis en place une variété d’initiatives pour redonner confiance aux voyageurs.

Source: Air Canada

Malgré ces gestes concrets, le Canada continue de fermer ses frontières aux étrangers et d’imposer une période d’isolement de 14 jours lors d’un retour au pays de ses ressortissants. Certaines provinces imposent également des restrictions similaires pour les voyageurs canadiens.

En l’absence de leadership de la part du gouvernement fédéral, des aéroports et lignes aériennes ont introduit deux projets pilotes de dépistage à l’aéroport afin d’offrir des données probantes à la santé publique pour évaluer le potentiel du dépistage à l’aéroport. Alors que Westjet et l’aéroport de Vancouver ont introduit un test PCR avant le départ sur certains vols, Air Canada et l’aéroport de Toronto ont introduit un test volontaire pour les arrivées internationales. Dans ce dernier cas, les passagers doivent également s’autotester 7 jours et 14 jours après leur arrivée pour fournir davantage de données à la recherche.

Source: Air Canada / McMaster HealthLabs

Depuis le début de l’étude le 3 septembre dernier, près de 13 000 tests de dépistage volontaire de voyageurs internationaux ont été menés. Moins de 1 % des passagers ont reçu un résultat positif dont plus de 80 % au dépistage initial et 20% au dépistage du jour 7. Aucun résultat positif n’a été relevé au jour 14. Cette étude semble ainsi démontrer le potentiel d’une période de quarantaine réduite.

Finalement, un premier projet-pilote sanctionné par le gouvernement fédéral et l’Alberta permettra aux passagers internationaux arrivant à Calgary de subir volontairement un test rapide de dépistage pour éviter la quarantaine de 14 jours, à condition de subir un second test après 7 jours.

Source : Global News

Une semaine plus tard, le gouvernement fédéral annonça un support financier pour le projet-pilote d’Air Canada à Toronto. Ces essais pourraient ainsi informer le développement de mesures permanente pour relancer l’industrie du transport aérien et du tourisme.

Voyager ou patienter?

Alexandre de Juniac, président de l’Association Internationale du Transport Aérien indique qu’on « n’arrivera pas à éliminer complètement le virus, à moins d’avoir un vaccin, et encore là, il faudra plusieurs mois, sinon plusieurs années. Il faut une approche basée sur le risque, avec comme objectif un niveau de risque suffisamment faible pour que le gouvernement puisse garder le contrôle. »

La stratégie de tester, tracer et isoler est maintenant bien ancrée. Est-il temps d’intégrer ce processus aux séjours des voyageurs domestiques et étrangers? Seriez-vous prêts à vous faire tester pour voyager ou patienteriez-vous jusqu’à l’arrivée d’un vaccin?

Les restrictions de l’été 2020 nous auront permis de redécouvrir le Québec. En 2021, visiterez-vous le reste du Canada ou tenterez-vous votre chance à l’étranger?


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Martin Leprohon
Martin Leprohon

Ingénieur en design d’aéroports, j’apprécie les multiples escales, les transferts chaotiques et tout ce qui me fait passer plus de temps en avion plutôt qu’à destination. Que vous soyez intrigués par le monde des aéroports ou pressés d’arriver à bon port, apprenez-en davantage sur un lieu essentiel à tout voyage réussi.

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